LA PETITE NOUVELLE : et si tu crois....un jour

Publié le par Il Jocolino

 

Qui craint le grand méchant Loup ? c'est pas vous ! C'est pas nous ! Voyez comme on fait les fous ! Là Là lalala ......

 

Il était recouvert de bleu quand elle l'a pris entre ses doigts, la première fois. Il avait une allure à la Désiré, comme le sont les Désirés des romans d'amour à la Balzac. Il brillait-clinquant comme la pleine lune au milieu d'un soir d'hiver lorsqu'elle apparait par dessus les toits.

Il était aussi extatique que cet homme magnifique croisé dans les rêves interdits qu'elle ne cessait de caresser lorsqu'elle fixait cette vieille affiche publicitaire des années 70 collée et rafistolée dans le vieux bureau de son père. Elle était venue souvent le regarder travailler (son père) ses textes qu'il maudissait parce que de travers. Puis, ses yeux rêveurs avaient fini par promener une petite oisiveté sensuelle sur cette réclame pour un vin d'Italie.

Combien d'heures l'avait-elle fixé depuis ses 15 ans ? Elle ne sait +. Toutefois, elle pouvait refaire, en passant son index droit sur le bord bas de l'affiche, ce rêve de l'amour....tantrique.

Si l'amour était arrivé dans sa vie de jeune femme de 18 ans -à peine sortie de l'adolescence -et  par la grande porte de la célébrité, il avait tout de même fichu le camps. Elle lui avait dit qu'elle voulait partir pour le fuir, lui et son égo, lui et ses minettes, lui et sa panoplie de star internationale de la musique alcoolique et drogué. Mais il ne voulait pas choisir. Il s'était habitué à la regarder souffrir dans des silences lâches qu'il remplissait parfois avec des explications et des promesses boiteuses. Alors, en partant, son amour l'avait emprisonnée par maladresse et égocentrisme, 6 mois de sa vie, dans la tôle froissée de cette voiture de sport roulant hurlante et furieuse sur le pont de Brookline Massachusetts, un dimanche à 17h00. Il était le 18 août, 6mois après, quand elle avait enfin ouvert les yeux dans ce lit d'un hôpital d'une grande ville qui ne connaissait que Lui.

De son côté, ses parents ne savaient rien d'autre de cette faune urbaine que cette chambre ES58 pleine de la menace de leur prendre leur fille et la douleur d'être démunis face au profondbaiserdel'Hadès.  Quand, à 15h12, Lili avait regardé sa fille ce mardi là, elle n'avait rien espéré d'autre que de lui tenir encore une foisdeplus la main. Raphy qu'en à lui, ne regardait plus sa fille, son enfant unique. Il respirait péniblement l'air trop vert dans ce petit jardin trop bien entretenu de l'hôpital. La misère de l'inquiétude avait ravagée son visage  laissant dès lors une ride affreusement creuse sur sa joue gauche. Elles sont terribles ces rides qui creusent les joues dans un sourire lèvres obliques-regard de chien mouillé d'une vie qui part à volo.

Lili n'avait pas parlé. Elle avait été saisie dans la violence du bonheur miraculeux de revoir sa fille lui cracher un "Mamita, mais qu'est ce qu'on fait là ?"

15h39. Il était 15h39 quand Raphy déposait sur les lèvres de sa fille, le premier baiser du bonheur. Elle n'avait plus 4 ans, mais elle n'aurait toujours que 4 ans à ses yeux de papoune.

 

  "Ya un arbre pigeon vole vole vole dans le petit bois de Saint-Amant...Ya mes 15 ans qui s'envolent volent volent -vole vole au vent" Barbara

 

Le temps avait passé. L'AmourComa avait trouvé sa place dans le silence du tabou de certaines histoires de famille. Elle avait même réussi à fonder son foyer, sa propre famille et même à la  porter à bout de bras comme les bâtisseurs de cathédrales. Elle avait chuté, prié, pleuré, s'était appliquée avec le meilleur d'elle même au milieu de malheurs et de tempêtes pour au bout du compte-conte, faire tenir bon l'édifice patrimonial  face aux claques et mises en demeure nombreuses et généreuses des accidents de la vie de famille.

 

Ce vendredi plus mûr  de sa vie de femme, elle était rentrée dans le bureau de son père. Il n'y travaillait plus. Il s'était assoupi sur un vieux livre d'archéologie amérindienne dans le jardin.  Lili , elle, avait préféré sa berceuse créole flanquée dans un coin de son immense véranda pour remplir -en paix- les grilles de ses mots mêlés.

L'affiche mordue par le temps et le ménage trônait toujours sur le plus grand mur de la pièce quand elle- rieuse et boudeuse du plaisir adolescent  de ses sens retrouvé(s), s'est laissée encore une fois prendre par la sensualité de cet homme marchant vers la mer sur cette grande feuille de papier épais. Mazette, c'était toujours le même rêve :  il avançait sur le rivage comme l'amour qui vient avec le vent, l'écume et le soleil. Sa tunique de soie sauvage blanche et brodée de motifs indiens bleu ultra marin laissait voir une chaîne et la croix de Saint-André suspendues à son cou autour duquel le sel marin avait laissé le goût mi-doux des salines de la région. Ses jambes nerveuses approchaient dans un pantalon en lin à revers borsalino couleur noisette. Les sandales brésiliennes aux pieds frottaient contre sa peau, comme la virilité érigée.  Au fur et à mesure qu'il s'approchait, elle pouvait se perdre dans ce beau regard bleu des hommes d'un certain Sud, encadré par un superbe panama beige qui laissait toute la place à un sourire gourmand et suffisamment sûr de lui pour venir lui croquer les lévres et ne lui dire en définitive et comme toujours à ce moment précis du rêve : " bianco o rosso ?"

Misère quelle frustration ! Chie-rie de censure de l'éducation ! La prochaine fois, elle le fera chef d'orchestre perdu dans un adagio quelle viendrait (toujours ce fichu conditionnel apostolique d'un "Si Dieu Le Veut" insulté par la chair de cette pensée) déniaiser dans un numéro de femme fatale à la Barbarella !!!  La musique du désir ouvrirait la partition en clef de Fa ponctuant sur le do bémol rattrapant à la volée le si majeur honorée par la clef de sol plus ronde dans les soupirs de ce qui ne saurait être que sensualité.

 

Mazette rien de moins que ça ! Et puis quoi encore comme dévergondage ??? Cette nouvelle reste vraiment du n'importe quoi !!! D'ailleurs, j'en étais où de cet objet recouvert d'un plastique bleu ? Et puis, au final, ce n'était rien d'autre que .... le nom m'échappe Misère ! Non ce n'est pas du tout ça ! Ce n'est pas une histoire de canard.... tout de même !!! En + , j'ai demandé un musicien mais je n'avais pas penséespèré un violoncelliste de musique de chambre !!! C'est un peu au dessus de l'érotisme égaré dans les métaphores filées d'un fantasme somme toute très commun et en retenu. Bref, elle était en émotion devant ce cahier bleu pétrole sur lequel une bouche "embrasseuse" avait été posée en relief dans un rouge vif et glossy.

A l'intérieur de ce cahier, il y avait juste manuscrit un poème de Richard Braudigan tiré de son recueil "Il Pleut En Amour"  et intitulé :

Le Très Beau Poème

 

"Je vais me coucher à Los - Angeles en pensant à toi.

Lorsque je pissais il y a quelques instants

j'ai contemplé mon pénis avec affection.

Je sais qu'il a été en toi deux fois aujourd'hui et du coup

je me sens très beau."

3h00 du matin

Le 15 janvier 1967

 

Parfois, la poésie et pleine de réalisme. C'est peut-être ça qu'elle aurait voulu lui dire si elle en avait le droit. Si c'était possible de le lui dire elle lui dirait : l'amour c'est juste ce qu'on fait et pas ce qu'on rêve comme un adolescent. Mais pourrait-il la comprendre ? En avait-il les moyens ? Elle n'y croyait pas. VoulaitVoudrait-il voir avec ses yeux, son coeur et sa tête qui se troublent sur le verbe "aimer" que ce verbe n'est pas statique. Dunqué, pour la première fois, elle oseosait lui dire : Monangejet'aime.

 

STOP-

 

Ecco

Lou

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